Frère Salomon, Guillaume Nicolas Louis Le Clercq, né en 1745, œuvre sous l’Ancien Régime. Il est devenu Secrétaire général de l'Institut et il est mort martyr à la prison des Carmes, le 2 septembre 1792.
Béatifié en 1926 puis canonisé il y a cinq ans, le 16 octobre 2016, il laisse un fonds épistolaire important et intéressant, source très riche sur l’Institut des Frères des Écoles chrétiennes ainsi que sur la vie religieuse et la période révolutionnaire.
Issu d’une famille de commerçants brasseurs de Boulogne-sur-Mer, Nicolas est élève dans l’école de commerce tenue par les Frères. Il ne continue pas dans cette voie et décide de suivre l’exemple de ses maîtres. Il entre dans la congrégation en 1767 au Noviciat de Rouen Saint-Yon où il apprend les rudiments de la vie religieuse spécifique à l’Institut. Il commence ses premiers pas comme instituteur à Rennes puis à Rouen. Il est ensuite envoyé à Maréville, en 1770, chargé d’abord des pensionnaires libres puis des novices, avant d’être appelé à un poste moins lié à la formation de la jeunesse : procureur (intendant) de la maison.
Il retourne, en 1781, à Rouen Saint-Yon pour se former en mathématiques afin de s’occuper plus tard du Noviciat à Melun, lieu de résidence du gouvernement de l’Institut. Au Chapitre général de 1787, il devient Secrétaire général. Dès lors il gère l’administration de la congrégation et se déplace avec le Supérieur général pour effectuer les visites officielles et celles des communautés.
Frère Salomon n’a pas, comme la majorité des membres des Frères des Écoles chrétiennes, consacré sa vie à l’éducation des enfants dans les petites écoles. Son parcours a été tout autre. Et si sa vie nous est bien connue aujourd’hui c’est grâce aux nombreuses lettres qu’il a écrites aux membres de sa famille.
Les lettres de Frère Salomon rédigées à sa famille sont au nombre de 138. Elles proviennent de deux fonds principaux qui sont conservés :
La correspondance s’étend sur une période de vingt-quatre ans, de 1768, presque au début de son entrée dans l’Institut, jusqu’à août 1792, jour de son arrestation. Les courriers sont adressés à différents membres de sa famille : ses parents puis son père après le décès de sa mère, ses sœurs (Marie-Barbe et Rosalie), ses frères (Jean-Antoine et Achille) ainsi que ses nièces.
Des lettres provenant de sa famille complètent ce fonds. Elles ont été écrites par son frère aîné, Jean François Marie, rentré à l’Oratoire ou encore son petit frère, Marie Achille Balthasar, ayant commencé une formation ecclésiastique.
La correspondance du Frère Salomon a fait l’objet d’une transcription par le Frère Arthème-Claude (Claude Cavard, 1842-1924) avant sa béatification, en 1926. Après vérification entre les originaux conservés et les transcriptions, il s’avère que quelques lettres ont disparu ou bien sont conservées en d’autres lieux. Le recours à la transcription du Frère Arthème-Claude a donc été nécessaire.
La lecture de ces lettres permet de voir l’évolution d’un Frère au sein de l’Institut et de la société de la France d’Ancien Régime. Petit à petit il progresse dans la hiérarchie et occupe des fonctions de plus en plus importantes parmi les Frères des Écoles chrétiennes. Cette correspondance permet d’aborder son quotidien, mais aussi celui des Frères. Cette relation épistolaire avec ses proches plonge le lecteur dans l’intimité d’une famille et montre aussi l’évolution de la société française et le bouleversement de la Révolution française.
La préparation de cette publication a été entamée, il y a plus de dix ans, avec les premières transcriptions des courriers, la réalisation d’une liste chronologique détaillée et la publication de plusieurs articles dans la Rivista Lasalliana à Rome. Mais le travail, mené entre plusieurs chercheurs, n’avait pu aboutir à temps pour la canonisation en 2016 et il était en sommeil depuis trois ans environ.
Le Visiteur du District de France et de l’Europe francophone, Frère Jean-René Gentric, a relancé le projet, souhaitant que la publication soit offerte aux membres du Chapitre de District, en décembre 2021.
Il a fallu encore relire, vérifier, corriger et annoter les transcriptions puis rédiger la biographie, l’étude sur l’itinéraire du Frère Salomon et la préface. Des documents de travail, tels que le texte sur la conservation des lettres, l’index chronologique, les généalogies, les lieux d’expédition et les biographies succinctes des Frères nommés dans la correspondance ont été ajoutés pour permettre de mieux appréhender le fonds d'archives et le contexte historique . Quelques images ont également été incorporées au texte pour donner un meilleur aperçu de ce fonds d’archives.
Au final c’est un volume de 600 pages, co-écrit par Vincent Cuvilliers, Magali Devif, Matthieu Fontaine et Philippe Moulis qui est publié chez Bayard Presse en version papier et numérique.
Magali Devif
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