Le Frère Pergentinus, chimiste et... pharmacien

Février 2021

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Le Frère Pergentinus, de son nom civil Jules Auguste Faucherand, est né en 1852, à Cluze-et-Pâquier (aujourd'hui La Cluze-Saint-Martin), en Isère. Il est entré au Noviciat de Caluire-et-Cuire en 1866 ; il est professeur au pensionnat « Aux Lazaristes » à Lyon de 1870 et 1889. Il est ensuite professeur au Scolasticat de Caluire-et-Cuire, de 1889 à 1894, et il s’occupe particulièrement de questions relatives à la chimie.

Brillant diplômé de l’Université, il met ses compétences et son savoir scientifique dans la recherche d’une thérapie pour soigner les nombreuses affections de l’époque.

La découverte

Le Frère Pergentinus constate que les solutions phosphatées, en vogue en 1890, contiennent un dépôt considérable, dangereux pour le consommateur. Il porte tout d’abord son attention sur les sels, base de la solution. Par un travail opiniâtre et de nombreuses expériences, il obtient un phosphate cristallisé, entièrement pur, ne renfermant aucune trace d’acide sulfurique, contenant 75 % de phosphate réel quand les autres produits n’en possédaient guère que 20 à 25 % !

Encouragé par le Frère Publius, Directeur général de la maison de Caluire et par ses premiers succès, il essaye une solution créosotée pour combattre les affections de poitrine. L’extension rapide de cette seconde solution vient justifier sa raison d’être… Aussi est-elle même recommandée aux communautés par les Frères Visiteurs.

Pour assurer la production, le Frère Pergentinus installe un laboratoire, en sous-sol, à l’extrémité ouest du bâtiment nord (appelé « Sibérie ») de la propriété de Caluire.

Les deux produits

Les deux produits sont bientôt connus du public qui attendait une autorisation officielle. Elle arrive en 1892 avec le dépôt de la Marque de Fabrique représentant une « étoile surmontée d’une croix, entourée de deux palmes », enregistrée au Greffe du tribunal de Lyon, avec la raison sociale :

« Faucherand, David et Compagnie ».

Le jury de l’exposition nationale de Vichy honore d’une médaille d’argent de première classe le produit. La reconnaissance se confirme en 1893, à l’exposition nationale de Monaco, quand le jury attribue une médaille de vermeil au Frère Pergentinus.

Vue de la maison de Caluire et de la Saône

Médaille de l'exposition de Vichy

Le succès

Ces reconnaissances font envoler les ventes ! 10 000 flacons sont vendus immédiatement. On les trouvait à Caluire, à Lyon Pharmacie centrale, rue Sainte-Marie des Terreaux, chez MM. Boissier-Fornier, rue de la Poulaillerie et les autres bonnes pharmacies. Tout allait pour le mieux. Pour satisfaire la clientèle, un laboratoire plus grand, comprenant trois salles, situé à l’extrémité est du bâtiment principal, est aménagé.

Le mode d'emploi des produits

Les conditions de vente

(Ci-dessus, deux extraits du tract de présentation des produits.)

Mais cette production exigeait beaucoup de travail et mobilisait beaucoup de Frères... Aussi les Supérieurs estimèrent qu’il était préférable de vendre les formules, la marque de fabrique et tout le matériel. Ce qui fut fait.

Une fin de vie en "mission"

Le Frère Pergentinus est envoyé, en 1894, comme professeur au Pensionnat de l’Aigle à Grenoble où il devient sous-directeur en 1898. Il part ensuite en Égypte comme professeur de sciences à Alexandrie, école Sainte-Catherine, en 1900, puis au Caire en 1902. Il fait un bref retour de deux mois à Caluire avant d’être envoyé en Turquie. Il est en communauté au collège Saint-Joseph de Kadiköy (Istanbul) où il enseigne encore avant de mourir aveugle et totalement paralysé le 27 novembre 1920.

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Sources documentaires

  • Archives lasalliennes de France, cote 10 D 18, District de Lyon, Historique des établissements, travaux du Frère Orbanis (Victor-Joseph CROLLARD) : registre (1838-1914), p. 1 118.
  • Article des Frères Martial Chessel (décédé depuis) et Maurice Marque.
  • Numelyo (Bibliothèque numérique de Lyon) : Le Progrès illustré (publicités pour les solutions phosphatées dites de l’Étoile)
    - n° 155 du dimanche 3 décembre 1893, p. 7 et dans les numéros 163, 164, 168
    - n° 173 du dimanche 8 avril 1894, p. 7 (nouvelle publicité).

Publicité dans le journal Le Progrès

Publicité pour lessolutions phospatées

(Extrait d'une page publicitaire du journal Le Progrès, du 28/04/1894.)

Les bienfaits des solutions phosphatées (extraits du tract des produits)

Ses solutions sont à prendre, selon l’étiquette apposée sur le produit, dans les situations suivantes :

  1. « Dans les cas d’épuisement, d’anémie, de croissance trop rapide
    Dans les maladies des os, la scrofule et le rachitisme, toutes les fois où il faut fortifier et reconstituer
    Les diabétiques trouveront dans son usage la réduction de leur maladie
    Dans la convalescence de la pleurésie et de la fluxion de poitrine ses effets sont merveilleux
    Les vieillards débilités qui en font usage se sentent revenir à la vie ; leurs forces sont promptement réparées par l’usage régulier et constant de ce puissant régénérateur. »
  2. « Pour combattre les cas de phtisie, les rhumes invétérés, certaines dyspepsies et dans tous les cas de bronchite et de pneumonie.
    L’usage régulier de ce remède énergique a ramené à la vie active des malades qui se croyaient désespérés. »