L’histoire de ce musée nous est rendue par le récit assez détaillé de sa naissance dans un document ➀. rédigé vers les années 1907 tandis que les collections menacées par les expulsions de 1904 et mises à l’abri, ont pu rentrer au bercail. Il sert de base à nos propos.
C’est à la toute fin du XIXe siècle que se situe l’âge d’or du musée pédagogique du pensionnat « Aux Lazaristes » à Lyon.
Deux locaux lui sont alors consacrés. Le musée d’histoire naturelle (animaux naturalisés, insectes, herbiers, coquillages) est situé sous la terrasse de la surélévation du bâtiment des classes, avec une extension dans le grenier qui le jouxte. L’extension, appelée « petit musée », présente un panorama de l’histoire de la terre (géologie, paléontologie) et de l’humanité : vestiges des civilisations égyptiennes, grecques, romaines ; objets d’art provenant des cinq continents ; échantillons de productions industrielles issues du traitement des produits naturels (textiles, bois, produits chimiques).
Implantation du grand et du petit Musée entre 1893 et 1943 (devenus classes préparatoires en 2000)
Classée par système cristallin, la collection minéralogique compte environ 6 400 échantillons provenant de collectes régionales (échantillons du tunnel du Mont-Cenis) mais également du monde entier (Norvège, Allemagne, Afrique du Sud, Amériques) via les réseaux de relations du Frère Onésime ➁. et du Frère Ogérien ➂, les deux éminents géologues à l’origine de ce musée.
► La collection paléontologique retrace l’évolution de la vie aux différents âges de la terre : trilobites, plantes carbonifères, ammonites et gastéropodes, mammifères du tertiaire, vestiges des premiers humains (silex, crânes). Le fond provient du Frère Ogérien, complété par des achats (Paris, Bonn « sur le Rhin »), des dons d’anciens élèves ou de parents d’élèves (M. Bouge « donne la mâchoire d’un mammouth »), ainsi que de Frères directeurs (Uzès, Bordeaux).
► La galerie de zoologie, riche d’environ 1000 modèles (oiseaux, poissons, reptiles, crustacés) possède de remarquables exemplaires de grande taille dont les origines dévoilent un réseau d’échange pittoresque :
► La collection d’insectes est constituée par les Frères Remi Frezet (1854-1893) et Louis Berthet (1864-1943), et enrichie par les dons de M. l’abbé Girodon, des Chartreux, doyen de la Faculté de Théologie, et de M. le colonel Lacroix qui rapporte des papillons exotiques de Cochinchine.
► Le monde végétal n’est pas ignoré avec un bel ensemble d’herbiers (dont un de 2500 planches conservé aux archives), des collections d’un millier de flacons d’échantillons végétaux (graines, huiles, poudres), et quelque centaine d’échantillon de bois européens et tropicaux.
► La collection anatomique est constituée « d’organes moulés (œil, cœur, bras, intestins) achetés à Turin », d’un squelette humain, du « petit modèle d’Auzoux » ➃ et de quelques squelettes de vertébrés préparés ou achetés.
► Les objets gallo-romains (statuettes, amphores, mosaïques) proviennent souvent du site même de Fourvière. Le Frère Paul Baillet (1833-1919) envoie des objets annamites et chinois, ainsi que le font d’autres Frères missionnaires ou anciens élèves expatriés.
► Un médailler est constitué par la collection « Lafond », avec quelques achats et dons divers.
► La bibliothèque scientifique est riche des œuvres de Buffon, Cuvier, Linné, d’Orbigny, Renier. Les moulages sont des dons du Directeur du Musée des Beaux-Arts de Lyon. La ville a d’ailleurs offert quelques-uns des tableaux exposés en échange du trésor « de la Dame Romaine » trouvé au Pensionnat lors des travaux de 1841-1842 et conservé aujourd’hui au musée gallo-romain de Fourvière.
M. Perrin a, sans doute, été le dernier conservateur du musée.
Le Frère Onésime, épaulé par le Frère Ogérien et par sa communauté, peut être considéré comme le fondateur de ce musée, simples vitrines décoratives vers les années 1844-1855, année à partir de laquelle débute la vaste collection minéralogique inspirée de celle du pensionnat de Dijon.
Le petit musée est aménagé dans le grenier vers 1893, sur une seule travée.
► En 1943, des travaux de réfection de la terrasse marquent la fin du grand musée dont une bonne partie est confiée aux facultés catholiques de Lyon.
► C’est en 1961, sous la houlette du Frère Arétas-Lucien ➄, qui y installe son bureau, que les deux travées sont aménagées pour accueillir… le retour d’une partie des collections de zoologie. Celles-ci sont enrichies d’un bel ensemble de conchyliologie, spécialité de ce Frère qui peut être considéré comme un refondateur du musée.
Le musée bénéficie d’un inventaire ponctuel en 1981 ➅ puis d’un dernier, en 1999, à l’occasion de son déménagement : ses 450 m² sont libérés pour l’aménagement de classes préparatoires. Les plus belles pièces sont présentées dans 24 vitrines disposées dans les couloirs de l’établissement, et des réserves en sous-sol sont désormais en attente de valorisation.
Un musée est aussi une collection d’anecdotes et de coups de cœur...
Des histoires bien naturelles…
Bruno Mellet
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