La loi Debré, qui instaure les contrats d'association entre l'État et l'enseignement catholique, fin 1959, inclut dans ses articles 14 et 15, l'obligation faite aux établissements de tenir une comptabilité…
Un long chantier d'une dizaine d'années commence d'abord pour chaque établissement : lancement des inventaires, estimations, recherche des dettes et créances, des titres de propriété, tri des pièces comptables, séparation école/communauté… Il s'agit d'obtenir un bilan fiable et de vérifier le tout par un contrôle de trésorerie…
Pour aider les établissements dans cette optique les Frères créent le CLIGA ➀ en 1966, et le SAFI ➁ en 1971.
Parallèlement à ce travail, les procédés évoluent :
De telles évolutions vont inciter les associations de gestion et les responsables diocésains et congréganistes à développer des structures d’accompagnement en gestion pour des regroupements locaux et régionaux d’établissements scolaires à partir des années 1965.
C’est l’ère des pionniers de l’informatique de gestion qui découvrent, à l’occasion des SICOB ➂ par exemple, des ordinateurs de plus en plus puissants et abordables (le circuit intégré date de 1958), des langages de programmation (Fortran, 1954) et des systèmes d’exploitation (Unix, 1969) en constante évolution, avec son lot de problématiques de transition technologique et de compatibilité. Se lancer dans ce domaine très mouvant est réservé à quelques visionnaires passionnés… adossés à une structure financière fiable et pouvant bénéficier d’un réseau d’utilisateurs prêts à essuyer quelques « plâtres » ...
Ces pionniers mettent ainsi en place des centres de traitement et des stages de formation au service des écoles
♦ dans le diocèse d’Arras (abbé Joseph Varlet),
♦ en Bretagne avec le réseau des écoles des Frères de Ploërmel (Gilbert Guihaire en 1967),
♦ et dans divers réseaux locaux comme celui du Bureau de l’Association des F.E.C. à Quimper (BAFEC, 1969) avec le Frère Henri Creff (1921-1991),
♦ ou celui des écoles de Champagne-Lorraine où le Frère Roger Hubert est à la manœuvre depuis 1961 comme comptable du District de Reims.
Le Frère Roger Hubert (1924-2008) est à l’origine du plus ancien de ces réseaux encore présent sur le « marché » des logiciels de gestion sous le nom de Groupe APLON (Application Pour la Lecture Optique Normalisée) ➃.
C’est à partir d’octobre 1966, à l’hôtel de La Salle à Reims, qu’il met en place un système de collecte et de traitement mécanographique des données comptables. Ce service est transféré en 1968-1969 au 77 rue de Vaugirard à Paris. En collaboration avec l’entreprise N.C.R. et son centre de traitement du quartier des Champs-Élysées à Paris, il met en place un circuit de traitement optique des données comptables des établissements adhérents au service à partir de décembre 1968.
APLON n’a pas alors de structure juridique particulière, mais est intégré à l’Économat national des F.E.C., qui trouve abri dans les locaux de la maison d’édition LIGEL
➄.
entre 1969 et 1974, puis au 78 A rue de Sèvres.
La structure d’édition et de formation permanente APLON-FEC est créée en 1976, tandis que les opérations de traitement se
délocalisent dans les centres régionaux qui acceptent de s’associer.
Le Frère Hubert, ancien élève de l’ICN ➅, emploie ses compétences d’ingénieur commercial pour coordonner le développement d’APLON et animer des stages. Il crée la structure commerciale LIGEL-NOLPA en 1979 (devenue NOLPA en 1984), pour accompagner la diffusion des équipements (TEXAS) et des logiciels (APLON). Le Frère Henri Creff en est le directeur.
Les groupements locaux se structurent peu à peu en association à partir des années 1983, année où est créée l’association APLON-France (Quimper, octobre 1983) avec l’abbé Varlet comme président. FIC-APLON (Bretagne) est le groupement le plus porteur de la structure.
Le service APLON-FEC est dissout en mars 1984.
Le Frère Hubert quitte alors APLON et prend sa retraite. Il aura consacré vingt années à mettre en place un procédé et une organisation permettant aux établissements catholiques de passer à l’informatique malgré la rareté et le coût des équipements de l’époque.
En 1984 arrive une nouvelle génération d’ordinateurs qui fait évoluer les centres régionaux de traitement. APLON-France va compter 1 000 adhérents en 1988 (2 000 en 2001). L’évolution rapide du marché abouti à la liquidation de NOLPA-France en 1991 (des antennes locales perdurent).
En 1995, l’accessibilité des logiciels par internet est désormais possible et il faut intégrer à une gamme logicielle de plus en plus étendue depuis 1970 (facturation, paie, analytique, etc.), les connexions avec les bases du ministère ou de l’Enseignement catholique. APLON intègre le logiciel comptable SAGE en 2000, et acquiert la société éditrice du logiciel Charlemagne en 2017.
Au-delà de cette aventure « industrielle et commerciale », on retiendra de ce « récit mémoriel » sur APLON, une histoire collective – coopérative – portée par des personnalités qui ont su se mettre en « réseau » – avant la lettre – et fédérer leurs compétences et leurs convictions au service de l’Enseignement catholique et de l’Église.
« APLON, c’est un esprit, c’est un service… qu’il demeure ainsi ! ». ➆
Bruno Mellet
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