Il est né en 1867, à Paris, dans le 9e, il était élève des Frères. Entré au noviciat de Paris, il devient le Frère Angel-Victor en 1882.
Il enseigne d'abord au Pensionnat de Passy, à Paris 16e, puis à Froyennes, en Belgique, où l’établissement doit se transférer à la suite de la suppression en France, en 1904, des Congrégations enseignantes.
Très vite, il devient le responsable des grands élèves et enseigne dans les classes préparatoires aux grandes écoles.
Voici comment sa notice nécrologique (n° 185, p. 236) présente son activité de botaniste :
« Son goût de l’herborisation datait de sa jeunesse religieuse.
Après une année de classe particulièrement chargée, on l’envoya respirer l’air des monts d’Auvergne.
À Clermont-Ferrand, le savant botaniste que fut le Frère Héribaud-Joseph le chargea de cueillir les plantes qu’il désirait, et lui inocula la passion de l’aimable science de la botanique. C’est ainsi que lors du transfert du pensionnat à Froyennes, il procura à la communauté l’agréable surprise de retrouver en pleine terre, bien alignées et étiquetées toutes les espèces florales qui constituaient le jardin botanique de Passy-Paris. »
Sa très vaste culture, son étonnante puissance de travail et ses qualités d’enseignant le font appeler à l’Institut agricole de Beauvais où il enseigne de 1924 à 1937.
Son habile ingéniosité lui fit réaliser une riche collection de tableaux muraux dessinés au pastel, qui devaient illustrer ses leçons de technologie et de botanique générale et appliquée.
Lui-même avait une certaine notoriété puisqu’il reçut un jour un courrier adressé au « Frère Estival, Europe » : la Poste avait fait merveille !
Nous présentons ici les “planches” qu’il a réalisées, quand n’existaient encore ni diapos, ni Powerpoint.
Le support du dessin est un papier fort, genre papier Canson presque noir ; le dessin au pastel sec est fixé ensuite par un fixateur à base de bière. Le dessin tient, même si on passe le doigt dessus. Les planches ont été beaucoup manipulées : si le dessin avait été à la craie,comme certains l’avaient supposé sans preuve, il aurait été au moins en partie effacé.
Chaque planche est suspendue à une règlette plate en bois sur laquelle est notée une référence. Cette règlette comporte 2 encoches aux extrémités. Il ne restait plus qu’à l'accrocher à 2 pitons au-dessus du tableau.
Leurs dimensions sont régulières :
Chaque planche est signée et datée (en moyenne 1932), ce qui renforce leur intérêt en matière d'histoire de la pédagogie, sinon de l’éducation. Le Frère Estival devait arriver en amphi avec les quelques planches se rapportant au cours prévu, roulées sous le bras et ce n’est pas le moindre de leur avantage pratique. A-t-il tout réalisé seul ou s’est-il fait aider par tel confrère ou tel étudiant assez artiste ? C’est possible mais il y a une grande homogénéité d’écriture dans l’ensemble des planches.
Pour le Frère Estival, l’objet premier de ses planches était à visée pédagogique. Leur intérêt et nette supériorité par rapport aux photos si bonnes soient-elles, est d’ajouter à la vue d’ensemble de la plante, et sur une même planche, les détails de sa fleur, de son fruit, de sa graine, alors qu’une photo n’est prise qu’à un stade et à une saison donnés. Ensuite, s’ajoutent un intérêt scientifique et artistique car, pour le moins, il avait “une bonne patte” !
C’est que ces planches ont beaucoup servi à Beauvais, après le retour du Frère Estival à Froyennes en 1937.
L’évolution des techniques permettra un jour de les photographier, d'abord en photos argentiques (diapositives) puis en numériques. Ainsi, un pépiniériste, père d’un élève du lycée agricole de Thillois, près de Reims, a photographié l’ensemble des planches, ce qui a permis leur présentation par vidéo à différentes associations locales intéressées par le sujet, genre “Familles rurales”, “Société d'étude et des Sciences naturelles”.
Finalement, ces planches ont été déposées aux Archives lasalliennes de Lyon. Elles sont conservées à plat pour éviter le déchirement à la fixation sur la réglette et sont disposées dans un meuble réalisé spécialement. Une douzaine de planches sont positionnées sur chaque étagère avec un petit décalage qui évite la superposition de toutes les réglettes. De plus, chaque planche est protégée par une feuille de papier de soie qui la couvre entièrement.
Toutes les planches ont été photographiées en haute résolution. Les images du diaporama ci-dessous sont extraites de ce fonds photographique