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Frère Gabriel-Marie, Edmond Brunhes (1834-1916), fut un excellent mathématicien avant d’être Supérieur général de l’Institut de 1897 à 1913.
Il est né à Aurillac en 1834, fils d’un artisan, dans une famille qui devait donner plusieurs grand scientifiques ou universitaires.
Le jeune Edmond Brunhes fit ses études au cours supérieur tenu par les Frères à Aurillac ➁. Rentré en 1850 au Noviciat de Clermont-Ferrand, il y reçut le nom de Frère Gabriel-Marie.
De 1852 à 1873, il sera professeur de mathématiques, puis directeur au collège de Brioude. À partir de 1865, il y anime un cours du soir, pour des adultes. Des ingénieurs des Ponts et Chaussées, employés aux bureaux du chemin de fer en construction à l’époque (tronçon Brioude-Langeac), viennent écouter les leçons de Frère Gabriel-Marie et s’étonnent de le voir résoudre en quelques lignes les problèmes les plus compliqués de stéréotomie.
Le 15 septembre 1873, le Frère Gabriel-Marie est nommé directeur du Pensionnat Notre-Dame de France, au Puy-en-Velay. Le ouveau
directeur, à près de 40 ans, améliore la formation intellectuelle et pédagogique des Frères. Il rédige des programmes adaptés à l’enseignement spécial :
les études et la discipline des classes s’améliorent et le recrutement des élèves augmente de façon durable.
En 1878, il devient Visiteur du district du Puy-en-Velay, qui comprend les communautés et écoles de Haute-Loire et de Lozère.
Il administre les districts de Lyon, Clermont, Le Puy-en-Velay, Avignon et Marseille. Il assume la présidence de la plupart des commissions où s’élaborent les manuels scolaires. En 1885, il décide de ne plus composer de livres mais les modifications de programmes, la réédition de ses ouvrages de mathématiques et le désir des commissions l’obligent à reprendre cette activité.
Il insiste pour impliquer les Frères à l’Exposition Universelle de Paris, en 1900. L’Institut y recevra 4 grands prix, 14 médailles d’or, de nombreuses médailles d’argent. Mais l’année 1900 est surtout celle de la canonisation de Jean-Baptiste de La Salle, le dimanche 24 mai, dans la basilique Saint-Pierre éclairée pour la première fois à l’électricité.
Le Frère Gabriel-Marie devra assumer les conséquences de la suppression de l’Institut en France, le 7 juillet 1904. Les Frères français, qui sont près de 10 500, vont s’expatrier ou se séculariser sur place.
Expatrié lui-même à Lembecq-lès-Hal, en Belgique, Frère Gabriel-Marie assume encore la direction d’un Institut un peu dispersé jusqu’en 1913, puis il donne sa démission. Il sera remplacé par Antoine Lafabrègue, dit Frère Imier-de-Jésus.
Il décédera à Paris le 25 octobre 1916.
Sa notice nécrologique donne des indications sur ses ouvrages et ses relations avec des savants mathématiciens ➂. Un de ses collaborateurs écrit :
« Lorsque, vers 1878, il entreprit d’améliorer une Géométrie déjà à la 3è édition dans son Institut, il y supprima immédiatement ce qui la faisait déprécier. Dans la nouvelle ordonnance, on reconnut la main du chercheur, du chercheur heureux… Les Éléments de Géométrie prennent dès lors une place honorable, distinguées, parmi les ouvrages similaires. Les éditions successives de cet ouvrage se sont augmentées, enrichies, ornées d’un appendice intéressant. Elles ont abouti à une refonte du travail, publié en 1913 sous le titre : Manuel de Géométrie » ➃.
En fait, dès 1875, la seconde édition des Éléments de Géométrie comprend des notions sur les courbes usuelles et de nombreux exercices ; elle restructure la précédente et y ajoute un appendice de 74 pages.
Dans le même format in-12, elle passe de 274 pages à 395. On peut y voir l’œuvre du F. Gabriel-Marie. La 5è et la 8è édition (1885 et 1895) ont 491 pages ; la 9è (1896) et la 12è avec 523 pages, y ajoutent un complément sur le déplacement des figures. Elles sont certainement du Frère Gabriel-Marie ➄.
Le Frère Garnier ➅ écrivit en 1951 un article sur Frère Gabriel-Marie, dans lequel il reprenait diverses synthèses élaborées à l’occasion de son décès :
« Ce qui distingua toutes les œuvres du Frère Gabriel-Marie, c’est la prodigieuse variété des points de vue embrassant des applications diverses et nombreuses ; en partant de programmes dont il acceptait l’aspect parfois aride et limité. Il excellait à montrer que les anciennes méthodes de l’Algèbre et de la Géométrie n’étaient pas forcément en infériorité. Ainsi l’emploi des dérivées lui donnait des facilités nouvelles ; il prouvait cependant, avec une rare élégance, qu’on trouvait des méthodes rivales dans les procédés de discussion d’autrefois. Ses Exercices de Géométrie descriptive, avec des points de départ très élémentaires, dépassent parfois l’enseignement supérieur. […]
Il est décidément une science élémentaire qui fait parfois concurrence à celle qui semble ne pouvoir vivre qu’en des régions analytiques plus élevées. II reste un dernier point : Le Frère Gabriel-Marie a-t-il réellement contribué au progrès des mathématiques ? II est certain que son nom n’a été donné à aucun théorème, à aucune démonstration nouvelle, et cependant combien d’innovations, de simplifications ou de démonstrations sont le fruit de son intelligence ! Mais alors qu’il se faisait un plaisir et un devoir de noter les découvertes de ses correspondants de divers pays, il aimait à rester dans l’ombre. À qui lui en faisait n reproche, il répondait simplement : "Laissons cela à ceux qui n’ont pas quitté le monde ; à nous, qu’il nous suffise de travailler pour Dieu".» ➆.
Frère Olivier Perru