Guillaume Nicolas Louis Le Clercq est né le 14 novembre 1745 à Boulogne-sur-Mer, paroisse Saint-Nicolas. Il est le cinquième des onze enfants composant la famille. Ses parents, François Le Clercq et Marie-Barbe Dupont font partie de la bourgeoisie commerçante de la ville.
Sa formation le destine à faire du commerce mais la vie dans le monde ne lui plaît guère. Il décide alors de rentrer chez les Frères des Écoles chrétiennes. Il arrive au Noviciat de Saint-Yon à Rouen en 1767 pour y faire sa formation qui est complétée par un an pratique dans une école de Rennes où il enseigne à 120 élèves puis une année à Rouen.
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La famille Le Clercq se réunissait pour prier devant ce crucifix ; il a été remis aux Archives lasalliennes à Lyon.
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Frère Salomon est ensuite envoyé, en 1770, à Maréville, près de Nancy pour s’occuper des pensionnaires libres de cette maison. Il continue à se former et est appelé comme sous-directeur du Noviciat en 1772 avant d’en prendre complétement la direction fin 1773. Le Noviciat de Maréville reçoit entre 10 et 16 novices par année durant sa charge.
En juin 1777, il gère désormais la Procure de la maison, tâche importante sachant que Maréville se compose d’une pension libre et d’une pension de force, d’un noviciat et est aussi maison provinciale. Il reste à ce poste jusqu’en novembre 1780.
Sa nouvelle obédience le conduit à Rouen Saint-Yon pour continuer sa formation au Scolasticat avant d’être appelé à Melun en 1782, Maison-Mère de l’Institut pour compléter la formation des jeunes Frères.
Au Chapitre général de mai 1787, il devient Secrétaire du Frère Supérieur. Il l’accompagne lors de ces visites aux communautés, tient les registres pour l’administration de l’Institut, gère les archives…
Alors que la Révolution gronde et que des persécutions sont infligées aux religieux, Frère Salomon reste à son poste. Il est arrêté dans la maison des Frères à Paris en août 1792.
Il est tué le 2 septembre à la prison des Carmes.
L'escalier des martyrs
C'est par cet escalier que les prisonniers sont sortis dans le jardin, à la demande de la Garde. Plus tard, repoussant la Garde, la bande des assassins pénètre dans le jardin et commence le massacre.
114 personnes seront tuées dans le jardin ou à l'intérieur de la chapelle.
Au pied de l'escalier par lequel elles sont passées, l'inscription dit très sobrement :
"HIC CECIDERUNT" : "ICI, ILS TOMBÈRENT"
Nous conservons de ce Frère près de 130 lettres manuscrites, conservées dans le service d’Archives de la Maison généralice à Rome et celui des Archives lasalliennes à Lyon. Celles conservées à Lyon ont été données à l’ancien District de Lille, par une petite-nièce de Nicolas Le Clercq, en 1957.
Ces missives datent de 1768 à 1792 et sont adressés aux membres de la famille du Frère : à ses parents puis à son père, à ses sœurs (Marie-Barbe et Rosalie) et à ses nièces.
Sa sœur Rosalie, qui avait correspondu longuement avec lui, confiait en 1831 ses lettres à sa famille :
« Gardez-les précieusement,
ce sont les lettres d’un saint ».
Ces documents sont très précieux pour nous. Ils regorgent d’informations sur le contexte historique, la vie du Frère et ses fonctions ainsi que sur le fonctionnement de la congrégation. Grâce à eux, on apprend certains éléments sur le fonctionnement de la maison de Maréville, informations inédites puisque les archives ont été détruites lors d’un incendie en 1794.
Ces relations épistolaires nous permettent de mieux appréhender les mentalités de l’Ancien Régime, les pratiques et coutumes ainsi que la place de la religion dans la société.
Pour le Frère Salomon, le souci principal est de mourir en bon chrétien et de penser à son Salut. Il suit fidèlement la règle des Frères mais se reproche très souvent de ne pas faire les exercices ou l’oraison convenablement.
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Pour qu’un martyr béatifié soit canonisé, il faut qu’un miracle obtenu par son intercession soit reconnu au jugement des experts scientifiques et des théologiens.
C’est ce qui s’est passé au Venezuela en septembre 2007 quand la petite Maria Alejandra, âgée de 5 ans, fut mordue par un serpent venimeux et conduite trop tard à l’hôpital.
Elle risquait de mourir à brève échéance, ou d’être amputée pour tenter d’éviter la mort. Les enfants qui étaient avec elle dans l’institution et les Sœurs qui s’occupaient d’eux ont prié le Frère Salomon avec foi et insistance pendant deux jours, et l’inespéré s’est produit.
Étonnés, les médecins n’ont pu que constater sa rapide et totale guérison, sans aucune des séquelles auxquelles on s’attendait.
Frère Salomon fut massacré avec d’autres prisonniers, religieux et ecclésiastiques, le 2 septembre 1792.
Il est le premier Frère martyr béatifié de l’Institut (17 octobre 1926). Il a fallu attendre 90 ans pour qu’il rejoigne le cercle très particulier des saints après la reconnaissance d’un miracle.
Magali Devif