Eugène Chanoine :
- né à Ablancourt , Marne, en 1824 ;
- décédé à Beauvais, Oise, en 1893.
La notice nécrologique de ce Frère des Écoles chrétiennes s’ouvre sur cette affirmation : « Trois mots semblent résumer la vie méritoireet féconde de ce cher confrère : sacrifice, travail, charité. »
Un beau livre de Christian Ferault, qui vient de paraître (Éditions de L’Harmattan, 2015 - 226 pages), porte un sous-titre qui illustre un autre aspect de sa vie :
« Un grand agronome picard du XIXe siècle ».
Il donne à l’Institut Agricole un grand rayonnement : à la fin de son directorat, les Anciens de l’IAB répertoriés dans l’annuaire de l’Amicale sont venus de 25 pays, des 5 continents. On ne compte plus les médailles et récompenses obtenues par l’Institut agricole sous son directorat.
M. Christian Ferault relève que le mémoire sur la « maladie » de la pomme de terre (publié dans les Annales de l’Institut Normal agricole de Beauvais en 1862) était le premier article véritablement scientifique du Frère Eugène-Marie (p. 72).
Ses travaux sur la pomme de terre sont bien connus, notamment la mise au point (sans doute en 1856) de la variété « Institut de Beauvais », mais sait-on assez le nombre d’« espèces », ou plutôt de variétés, qu’il décrit, croise et étudie jusqu’au calcul de rentabilité.
Son travail agronomique s’étendra aussi
* aux graminées fourragères (à partir de 1877),
* aux betteraves à sucre,
* aux blés,
* aux animaux ; il crée à l’occasion le néologisme de « gallinoculture » (p.
140) pour l’élevage des poules.
Tous ces travaux ont fait connaître le Frère Eugène-Marie : il sait en effet unir enseignement théorique et pratique avec la recherche-développement, grâce aux deux fermes qu’il loue et surtout dans le cadre de la station agronomique de l’Oise, créée en 1873, installée à l’Institut agricole et dont la direction lui est confiée dès le début.
Ses travaux forment une partie importante des Annales de la station agronomique : deux fois seulement, ses contributions couvriront moins de la moitié de ces Annales, tandis qu’il ira jusqu’à 90 % en 1885.
Bien qu’obligé de se produire en de no mbreuses occasions, le Frère Eugène-Marie n’aime pas se mettre en avant : à la fin de l’Empire, il refuse la Légion d’honneur afin de ne pas recueillir seul les mérites d’une équipe. Il acceptera une prime d’honneur qui met en valeur ses dévoués collaborateurs.
Lors de son décès, survenu au moment où devait avoir lieu la distribution des prix le 30 juillet 1893, le Journal de l’Oise écrit :
« On ne verra donc plus dans les salles et les cours de l’Institut cet homme, ce religieux de petite taille et grand par la spiritualité même de son abord, venir à vous, la main franche tendue, la physionomie originale, au sourire fin, avec des yeux brillants d’esprit, et par-dessus tout, respirant la bonté à l’égal de l’intelligence. »
M. Christian Ferault cite aussi un article profond du Bulletin religieux qui déclare :
Frère Alain Houry