La réponse à ces questions nous aiderait à mieux cerner le rayonnement du Fondateur et l'apport des premiers Frères : si c'est lui qui les a éveillés et fédérés, rien ne se serait passé sans eux.
Le Frère américain Augustine Loes (1913-2013) a travaillé plusieurs années sur ces questions en repérant plus de 250 Frères qui ont œuvré avec Jean-Baptiste de La Salle, au cours des 40 années où il s'est consacré à l'établissement de l'Institut. Le livre du Frère Loes a été publié aux USA en 1999. Le Frère Jean-Louis Schneider l'a traduit en français et il est désormais accessible aux francophones.
La succession des six chapitres de ce livre balaye les débuts de l'Institut en faisant apparaître les "cohortes" de Frères :
Cette histoire permet de repérer des figures marquantes, même si les Frères dont nous connaissons la vie avec assez de détails sont rares.
Le Frère Loes utilise alors une expression connue des Frères américains pour désigner ceux qui ont implanté, au XIXe siècle, les Frères aux USA :
Jean-Baptiste de La Salle présente leur lettre de mission
aux Frères Gabriel et Gérard qu'il envoie à Rome.
Préface Principales références Chapitre I : Une nouvelle famille religieuse Chapitre II : Les tout premiers Frères Chapitre III : Des géants parmi les tout premiers Frères Chapitre IV : La seconde génération Chapitre V : Après la seconde génération Chapitre VI : Les deux premiers Supérieurs généraux Pour servir de conclusion (Frère Jean-Louis Schneider) |
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On voit aussi évoluer les soutiens ou les oppositions que rencontrent les Frères de la part de divers cercles de pouvoir, pour leur œuvre scolaire, pour leur organisation interne, pour leur fidélité au ape, pour la place même de Monsieur de La Salle dans son Institut. Sans oublier de possibles conflits de générations entre les Frères et le Fondateur.
Ci-dessus : les noms civils et religieux et les missions de trois Frères, parmi les premiers responsables de l'Institut au temps de Jean-Baptiste de La Salle.
Le fait de se focaliser sur les Frères risquerait de les isoler de leur environnement comme s'ils avaient vécu en vase clos.
Il n'en est rien : la pauvreté endémique des Frères et la famine de 1709, les coutumes locales qui interrogent l'uniformité, les avanies et les agressions dont sont parfois victimes des Frères, l'épidémie de pourpre qui décime la communauté de Chartres, la mort édifiante de plusieurs jeunes Frères et l'admiration du curé qui n'avait jamais vu des personnes mourir aussi sereinement – quantité de pans de vie apparaissent à l'occasion.
Le Frère Barthélemy vient d'être élu Supérieur général et un Frère Directeur lui fait remarquer qu'il y a plusieurs Frères qui pourraient faire mieux ue lui :
"Je me déchargerai volontiers du pesant fardeau que nos Frères m'ont imposé", répond-il ;
et de lui demander d'alléger sa charge en remplissant bien la sienne...
Et l'on voit le même Frère Barthélemy rappeler à l'ordre, en 1720, le Frère Romuald qui s'est mêlé "de faire un catéchisme sur les matières du temps", voulant paraître plus savant que Monsieur de La Salle, ou que lui-même, sur le Jansénisme !
Bref, un tableau vivant du temps des débuts de l'Institut et de ceux qui ont cheminé avec le Fondateur...
Frère Alain Houry
La traduction du livre du Frère Augustine Loes, par le Frère Jean-Louis Schneider est téléchargeable avec le lien ci-dessous :
Les premiers Frères avec J-B de La Salle.
(21 x 29,7 ; 221 pages ; 1,6 Mo)