Louis-François Demarquet est né le 13 octobre 1728 à Matigny, dans l’actuel département de la Somme ➀. On ignore quels furent les événements et les rencontres qui conduisirent Louis-François à entrer à l’âge de 19 ans chez les Frères Écoles chrétiennes de Saint-Yon, à Rouen, le 20 octobre 1747. Il y accomplit le noviciat, reçoit le nom de Frère Paschal et suit les études de scolasticat ➁.
Sa fiche personnelle, conservée aux Archives de la Maison généralice des Frères à Rome, nous apprend qu’ayant fait ses vœux perpétuels le 1er novembre 1754, il fut directeur dans les années 1770, à Cahors ➂. On n’a pas d’autres renseignements sur sa formation, ni sur son parcours.
On sait que les Frères avaient été appelés à Cahors en 1762 ; l’école supérieure était sans doute une école complétant l’instruction de base donnée à l’école élémentaire (lecture, écriture, calcul) par des notions utiles pour la vie professionnelle des artisans ou commerçants (arithmétique, droit, comptabilité, écriture des actes juridiques, etc.).
Frère Lucard rappelle ainsi son élection comme Assistant, le 10 août 1777 :
« Le choix des députés se porta enfin sur Louis-François Demarquet, dit Frère Paschal, directeur de l’école supérieure de Cahors »
➃.
Il sera reconduit pour dix ans dans sa charge, lors du Chapitre général tenu à Melun du 4 au 21 mai 1787 ➄.
Dans ses fonctions d’Assistant, Frère Paschal s’est préoccupé des visites des communautés. Sa fiche mentionne une Lettre sur la manière de faire les visites, et une visite de la communauté de Ferrare, lors d’un voyage en Italie, en 1785.
Cependant, ce qui prédomine dans les informations dont on dispose, est son souci de la formation des jeunes Frères.
Ce souci se manifeste spécifiquement par un cahier manuscrit de 46 pages, envoyé de Melun, le 6 juin 1786 « au Cher Frère Prudence, directeur des novices de Saint-Yon », suite à une demande de ce dernier.
Ce cahier est intitulé :
« Idées sur les causes de désertion de nos jeunes Frères et sur les moyens de les prévenir, du moins en partie » ➅.
Concernant ce mémoire sur les causes de désertion, nous en retiendrons trois points importants dans l’enseignement du Frère Paschal et comme fondement de son texte principal, l’Esquisse de la vanité de l’homme :
Le projet du Frère Paschal n’a sans doute pas ou peu été appliqué dans la formation : la Révolution allait amener d’autres urgences ! Bien que tout concourt à faire de l’Esquisse le projet d’une formation philosophique destinée aux futurs Frères des Écoles chrétiennes, nous n’avons aucune certitude que ce cours soit bien du Frère Paschal et qu’il ait été donné dans l’un des quatre noviciats ou dans des maisons tenant lieu de scolasticat.
L'Esquisse de la vanité de l’homme est donc un cours de philosophie, conservé aux Archives de la Maison généralice des Frères des écoles chrétiennes, à Rome ➆. Ce document d’archives, non publié, est un manuscrit de 195 pages, comprenant 50 pages de logique, philosophie de la connaissance et pédagogie et 145 pages de morale.
La rédaction de ce texte supposait une formation philosophique et théologique. Or, les Frères du XVIIIe siècle disposaient de très peu de formation dans ces domaines. Frère Paschal a pu être plus ou moins autodidacte car les communautés importantes avaient des bibliothèques de plus en plus conséquentes à la fin du siècle. Des livres comme la Logique de Port-Royal (un bestseller, avec ses 4 réimpressions de 1775), les ouvrages de Malebranche, les Leçons philosophiques de l’abbé Guinot (1778), des manuels de philosophie et de scolastique, ont pu s’y trouver.
Mais on manque de sources précises. En tous cas, le fait que Frère Paschal ait souhaité donner une formation philosophique à de futurs Frères enseignants, pour leur faire découvrir ce qu’est l’homme comme être libre et doué de raison, reste un cas unique parmi les Frères des écoles chrétiennes au XVIIIe siècle.
On est très mal renseigné sur les activités du Frère Paschal en tant qu’Assistant et on perd sa trace après 1792. L’Institut étant supprimé, Frère Paschal bénéficiait normalement des dispositions de la loi du 18 août 1792, titre III ; parce qu’il était Assistant du Supérieur général et résident à Melun, il se voit attribuer le 17 octobre 1792, une pension viagère ➇.
Sa fiche porte la mention : « mort le 12 octobre 1801 »
➈.
Il serait mort à Melun, ce qui laisse entendre qu’il se serait sécularisé sur place en 1792. Peut-être, malgré son âge (65 ans), aurait-il repris alors de
l’enseignement à titre civil, comme ce fut le cas de nombreux ex-Frères pendant la période révolutionnaire.
Frère Olivier Perru
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