Depuis la fin de la guerre, la hausse démographique et la démocratisation progressive de l’accès à l’éducation ont abouti à une « explosion scolaire ». En 1968, 2 672 Frères, principalement engagés dans des cycles primaires et des collèges, doivent assurer le bon fonctionnement d’un réseau de 300 établissements qui s’est accru de 1 215 classes et de 27 000 élèves en 20 ans ➀
Si la loi Debré, votée en 1959, redonne du souffle à l’enseignement catholique, elle instaure une logique de professionnalisation qui bouscule les manières de faire.
Cette période a été une
À la veille de 1968, les modalités de la vie religieuse ont déjà bien changé. L’ample mouvement du renouveau, commencé dès les années 1956 dans l’Institut, est né du concile Vatican II (1962-1965). Celui-ci produit des textes qui marquent fortement les esprits et introduisent de nouvelles pratiques.
L’élan conciliaire est accueilli officiellement par les Frères lors du Chapitre Général qui se réunit à Rome en 1966-1967.
Pour réceptionner les réformes conciliaires et les textes du Chapitre général, l’Assistance organise un premier Chapitre national des Frères de France.
Celui-ci se déroule en trois temps avec une première session de mise en chantier, à Buzenval (Rueil-Malmaison) du 5 au 12 avril 1968.
L’élan conciliaire est accueilli officiellement par les Frères lors du Chapitre Général qui se réunit à Rome en 1966-1967.
Pour réceptionner les réformes conciliaires et les textes du Chapitre général, l’Assistance organise un premier Chapitre national des Frères de France.
Celui-ci se déroule en trois temps avec une première session de mise en chantier, à Buzenval (Rueil-Malmaison) du 5 au 12 avril 1968.
Au Chapitre de 1966, il a été élu Assistant du Frère Supérieur général auprès des Frères de France.
"Le changement le plus important est celui de la relation du maître à l'élève. Il s'agit bien d'une nouvelle façon de comprendre la relation pédagogique."
Il a également été élu Assistant, chargé du domaine de la formation des Frères.
Il est à l’origine de la Déclaration pour le Frère des Écoles
chrétiennes dans le Monde d’aujourd’hui, texte de référence issu du Chapitre 1966-1967 et imprégné de l’esprit du Concile.
L’éclaireur des nouveaux horizons éducatifs ;
il intervient dans de nombreux colloques ou séminaires de formation, écrit de nombreux articles et livres...
Sous son impulsion, l'enseignement catholique va organiser des universités d'été pour mettre en acte la réforme des méthodes...
Ce qui suit est connu. La contestation étudiante du système éducatif universitaire se cristallise à Nanterre courant mars 1968, et s’étend rapidement.
« Dans les écoles, pendant un mois, en gros du 10 mai au 10 juin, on a suspendu les cours. Des assemblées d’élèves et de maîtres discutaient de la réforme pédagogique. […]. Dans les villes, des assemblées se formaient au hasard des rencontres, regroupant les différentes couches de la population… » ➁.
Presque toutes les écoles de Frères font grève pendant quelques jours. Ici ou là, on note le sérieux des engagements des élèves qui se joignent au C.A.L. ➂. pour faire connaître et défendre les intérêts de l’enseignement catholique, menacé un temps d’intégration au secteur public, dans les négociations sur le baccalauréat. Un brassage privé-public jugé bénéfique, qu’accompagne une prise de conscience des personnels éducatifs et des parents d’élèves, de la nécessité de définir le « caractère propre » des établissements.
En juin, les Frères Visiteurs font part de leurs réflexions en termes forts :
Globalement, les Frères restent à l’écart. Mais à Nantes, Lille, Saint-Étienne, Dijon, Lyon et Paris, des Frères s’engagent dans le mouvement ; de même pour la plupart des Frères en cours d’études. Ces évènements intenses ont eu des conséquences humaines sur la vie des Frères en terme de désir d’engagement social, de relation éducative renouvelée, de style de vie communautaire.
Ces changements vont s’exprimer à la deuxième session du Chapitre, à Beauvais, du 17 au 25 août 1968, avec la constitution – à l’initiative des Frères les plus jeunes – d’un « groupe de réflexion » d’environ 70 Frères qui va travailler en parallèle avec le Chapitre « mais en lien organique avec lui ».
Ce groupe, diplomatiquement accompagné par le F. Patrice Marey, va formuler son aspiration à la contestation et à la participation, marqueurs de l’esprit "mai 68".
C’est ce groupe qui élabore « les traits les plus saillants de la déclaration sur le pluralisme » ➄. qui introduit les actes du Chapitre élaborés lors de la troisième session de Quimper au cours de l’été 1969.
Le texte élargit l’engagement apostolique et éducatif au contexte hors scolaire, même si l’école demeure le lieu privilégié pour accomplir la Mission de l’Institut.
Ce pluralisme va se radicaliser en une option à faire entre les « deux voies » : dans et hors de l’école?.
L’émergence de cette dualité dans les approches éducatives et apostoliques résument-elles un "mai 68" des Frères ? Elle pourrait au moins en être un des moteurs, en considérant l’esprit "mai 68" comme synonyme d’expérimentation et de créativité.
« Quand deux opinions sont en conflit, la seule solution […] (est) la recherche d’un dépassement qui intègre les valeurs de l’une et de l’autre » ➅. En l’occurrence, deux approches éducatives et pastorales qui ne cesseront de s’enrichir l’une l’autre.
Bruno Mellet
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